Comme il est impossible de joindre un fichier et que je ne sais pas du tout comment le faire via un "cloud" ou quoi, je n'ai d'autre solution que de le copier coller intégralement ici haha ! Si quelqu'un a une idée de comment faire autrement je suis preneuse ! Ce n'est pas LE dossier du siècle mais j'aimerais éviter de me le faire piquer, ça m'a tout de même demandé un petit peu de travail
'
Je vais essayer de reproduire un peu la mise en page pour que ce soit clair, c'est un dossier de 20 pages donc ce sera un peu long !
Pour précision : tous les prénoms sont bien entendu modifiés
Table des matièresIntroduction :
I. Présentation de mon lieu de stage (MECS)
II. Notions théoriques sur la zoothérapie
III. Situations
A) L’histoire de Lucienne
B) Nora et son poney
C) L’animal comme soutien psychomoteur
Conclusion
Bibliographie
Introduction :Mes premiers désirs de devenir éducatrice remontent à l’âge de mes 11 ans lorsque j’ai lu un roman traitant de l’histoire d’un enfant autiste de 6 ans et de sa rencontre avec un poney. Ce roman, bien qu’étant une histoire pour adolescent, m’a poussée à m’intéresser de très près au milieu du handicap et ce en lien avec l’équitation puisqu’étant à l’époque cavalière.
Quelques années plus tard lorsqu’il a été question de réaliser mon stage de 3ème, j’ai souhaité m’orienter vers un établissement médico-social. Ce souhait n’ayant pas pu aboutir en raison de mon jeune âge, j’ai néanmoins pu intégrer un centre équestre adapté, accueillant quasi-exclusivement des populations en difficultés. C’est dans ce cadre que j’ai rencontré Sam, un adulte handicapé présentant probablement des troubles autistiques. Il venait chaque semaine avec un groupe. Lors de notre première rencontre au centre équestre, Sam refusait de sortir du véhicule, il se balançait sur son siège et s’opposait aux sollicitations de ses éducateurs. Après plusieurs dizaines de minutes, alors que les autres préparaient déjà leurs chevaux, un éducateur parvenait à le faire entrer dans le poney club. Son cheval n’attendait plus que lui mais Sam semblait débordé par l’agitation qui régnait autour de lui. Il s’est assis par terre et a commencé à se balancer, de plus en plus violemment, cognant sa tête contre le mur du box. Son cheval, quant à lui, restait impassible. Le reste du groupe se mit à cheval. Quand vint le tour de Sam il fallut à l’équipe user de nombreux stratagèmes pour lui passer le harnais du treuil adapté. Le treuil adapté est un dispositif permettant de faciliter la mise à cheval des personnes ayant des difficultés motrices. Sam bougeait beaucoup, il se débattait et j’observais en me demandant pourquoi insister de la sorte. Je craignais qu’il ne soit pas capable de tenir à cheval et ne se blesse. Sam monta à cheval, et bien que continuant à s’agiter, il tenait incroyablement bien en selle. La monitrice d’équitation prit la bride du cheval et positionna Sam à l’avant du groupe. Tous firent un tour de manège, puis un second. Au terme du deuxième tour, je cherchais Sam du regard, étonnée de ne plus l’entendre ni le voir agiter les bras. Il avait fermé les yeux, ses bras tombaient le long de son corps, comme endormi. Sam se laissait bercer par les mouvements de l’animal. Je n’en revenais pas, l’homme que j’avais vu cinq minutes auparavant était métamorphosé. Désormais, rien ne pouvait le perturber et il était d’un calme absolu. On avait l’impression qu’il n’y avait alors plus que lui et son cheval dans ce mouvement lent et rythmé. Au terme de la séance, Sam est rentré avec les autres, apaisé. Ce fût ma première expérience auprès du handicap, et j’ignorais encore du haut de mes 14 ans que celle-ci allait motiver mes futurs choix professionnels.
Suite à ce stage, j’ai également eu l’occasion de participer durant deux semaines à un séjour adapté au sein d’une ferme pédagogique proposant aux adultes accueillis des séances d’équithérapie (équitation, voltige, attelage…). Lors de mon mon entrée en formation de monitrice éducatrice, j’ai effectué mon premier stage dans un Centre d’Accueil de Jour auprès d’adultes handicapés psychiques, et mon second stage long au sein d’une Maison d’Enfants à Caractère Social auprès de jeunes enfants âgés de 6 à 12 ans.
Tout au long de mon parcours personnel et professionnel, j’ai pu constater les bienfaits du contact entre l’homme et l’animal auprès de divers publics et ce, dans de nombreux cas de figure. Ainsi ayant moi-même un rapport particulier aux animaux, je me suis interrogée au sujet des changements opérés chez les personnes étant en contact avec des animaux, et en suis venue à un questionnement :
Comment développer un travail éducatif en utilisant l’animal comme outil ?
Afin de tenter d’y répondre, je développerai mon écrit en 3 parties.
Dans un premier temps je présenterai l’établissement au sein duquel je suis actuellement en stage et sur lequel je me suis appuyée afin de développer ma réflexion. Puis, j’aborderai diverses notions théoriques se rapportant au lien homme/animal. Et enfin dans une dernière partie, je ferais le lien entre la théorie et la pratique à travers 3 expériences que j’ai pu mener.
I. Présentation de mon lieu de stage (MECS)J’ai été accueillie début Septembre 2016 au sein d’une Maison d’Enfant à Caractère Social auprès d’un groupe d’enfants âgés de 6 à 12ans.
Les enfants pris en charge sont confiés par les services de l’Aide Sociale à l’Enfance, suite à une ordonnance de placement de la part d’un Juge des Enfants. Leur prise en charge est continue et la durée du séjour dépend de la décision du juge. Cette décision est révisée régulièrement, généralement tous les 6 mois à 1 an.
La prise en charge éducative sur ce lieu est assurée par une équipe pluridisciplinaire (éducateurs, infirmière, psychologue, médecin, éducatrice scolaire etc.). Elle est partagée avec différents intervenants externes à l’établissement (CMP, psychomotriciens, orthophonistes etc.) ainsi qu’avec les familles des enfants. Les projets individualisés évolutifs permettent aux jeunes de valoriser leurs parcours et de se projeter dans l'avenir le plus sereinement possible. Le travail avec la famille est central afin de valoriser le lien familial et de travailler conjointement à l’évolution de la situation des jeunes et des familles.
En étroite collaboration, l’équipe pluridisciplinaire et les intervenants externes à l’établissement travaillent avec l’enfant afin d’identifier les difficultés qui lui sont propres et lui proposer un accompagnement adapté au quotidien. Cet accompagnement passe notamment par la mise en place d’une prise en charge par des spécialistes, la mise en place d’activités et d’outils éducatifs ainsi que le travail au quotidien en lien avec le groupe. De nombreuses activités et séjours sont organisés grâce à un partenariat riche et à l’implication du réseau des professionnels exerçant au sein de cet établissement.
J’ai pu faire différentes observations concernant les problématiques rencontrées par les enfants sur le lieu de vie en lien avec leurs différents parcours personnels. J’ai remarqué qu’une partie des enfants rencontraient d’importantes difficultés de concentration et de régulation de leur agitation. Ces comportements font la plupart du temps suite au déficit de cadre et de sécurité qu’ils ont subi auprès de leurs familles. J’ai pu noter une demande affective de la part des enfants, ainsi qu’un rapport compliqué à l’adulte. Ce dernier nécessite un long travail sur la confiance afin de renouer un lien positif adulte/enfant. Chez plusieurs d’entre eux, j’ai aussi pu percevoir des difficultés psychomotrices légères à importantes allant de mouvements incontrôlés (tics) jusqu’à d’importants retards de cohésion motrice chez certains, dû à un manque de sollicitation durant la petite enfance.
II. Notions théoriques sur la zoothérapie « La médiation animale consiste à faire intervenir un animal […] auprès d’une ou plusieurs personnes dont les besoins ou pathologies ont été préalablement ciblés, afin de susciter des réactions favorisant leur potentiel cognitif, psychologique, physique ou social. »
Le développement de l’éthologie depuis le début des années 40, suite aux travaux de Karl Von Frisch, Konrad Lorenz ou de Nikolaas Tinbergen, a permis de mieux comprendre l’animal. Ces études ont permis de mettre en avant les similitudes reliant l’homme à l’animal et d’identifier la relation présente entre ces deux êtres très similaires. L’animal présente de nombreuses facultés identifiables à l’homme (comportement, sentiments, réactions), et l’homme de par son instinct animal primaire est en mesure très naturellement d’entrer en relation avec l’animal.
Les premières expériences de zoothérapie remontent au IXème siècle en Belgique. Ce n’est qu’entre 1800 et 1900 que le sujet de la médiation par l’animal a commencé à émerger. En 1950, Boris Levinson (psychologue de l’Université de Yeshiva aux USA) démontra officiellement le rôle thérapeutique de l’animal au cours de séances de thérapie. Il mit en avant l’idée d’acceptation inconditionnelle de la part des animaux, facilitant alors la communication, contribuant à sécuriser l’environnement des patients, tout en favorisant l’estime de soi.
La médiation animale (ou zoothérapie) intervient toujours en complément de l’intervention des différents professionnels en lien avec la personne accompagnée (pédiatre, psychiatre, orthophoniste, psychomotricien, professionnels du secteur social etc.). Dans ce cas précis, elle s’intéresse principalement au rapport à l’autre, à l’éducation ou à la prévention de la délinquance. Elle peut également être utilisée dans le cadre de troubles de l’attention et de la concentration, de déficit de l’estime de soi, de dépression, de solitude et d’isolement.
Il existe peu de données scientifiques permettant d’expliquer les bienfaits constatés de la zoothérapie. Néanmoins, certaines recherches ont été menées à ce sujet, notamment par Aaron Katcher (psychiatre et professeur à l'école de médecine vétérinaire de l’université de Pennsylvanie). Ce dernier a pu constater que le contact avec un animal avait pour effet de diminuer la pression sanguine et le rythme cardiaque des personnes en interaction avec celui-ci. Cette réaction physique entraine par conséquent une diminution du stress et de l’agressivité chez les personnes concernées.
Les preuves scientifiques d’un bénéfice concret étant quasi-inexistantes, il est toutefois évident au regard des nombreuses expériences menées que celui-ci est bien réel. Selon François Badoud, « Les gens qui ne croient pas à la zoothérapie sont ceux qui ne croient ni à la télépathie, ni aux secrets. Ils ne veulent pas y croire simplement parce que l’on ne peut pas l’expliquer» .
Au-delà du manque de preuves scientifiques, de nombreux facteurs entrent en jeu dans le lien unissant l’homme à l’animal. De nombreuses théories peuvent être élaborées en lien avec les difficultés propres à la personne accompagnée.
Il est aussi important de rappeler que la zoothérapie est utilisée auprès de publics en difficultés, qu’elles soient sociales, motrices ou intellectuelles. Il s’agit donc de personnes ancrées dans une réalité souvent stigmatisante. Ainsi, le lien à l’animal à la particularité d’instaurer une relation de total non-jugement. En effet, l’animal n’ayant pas consciences des difficultés de la personne, celle-ci développe avec lui un lien sain et dépourvu d’intérêt ou d’enjeux. C’est une relation naturelle et authentique qui suffit à instaurer rapidement un climat de confiance, d’apaisement et de sécurité. Ce climat permet alors à la personne de prendre confiance en elle et de développer son estime de soi.
Dans le cas de personnes éprouvant des difficultés ou des incapacités de communication avec l’extérieur (mutisme, surdité, autisme etc.), il est possible de positionner l’animal comme interlocuteur non verbal. L’animal étant dépourvu du langage, il permet une approche différente de la communication, par la gestuelle, les sens... Boris Levinson explique dans un de ses ouvrages le cas d’un jeune garçon autiste dont il reçut les parents en urgence. Dans la précipitation, il oublia de faire sortir son chien du bureau et durant l’entretien, le jeune garçon qui jusqu’alors ne communiquait pas se mit contre toute attente à jouer puis à « discuter » avec l’animal du docteur. Boris Levinson décida de reproduire cela lors de différents entretiens avec différentes personnes, et à chaque fois le chien permis d’ouvrir la relation, ou de débloquer des situations jusqu’alors cristallisées, par la simple présence de l’animal.
Une des notions entrant en jeu dans la zoothérapie est la « thérapie assistée par l’animal », où la présence de l’animal ne dépend pas d’un objectif particulier, si ce n’est de créer ou valoriser le lien entre la personne et le thérapeute/accompagnant. L’animal est alors le catalyseur et pourra être utilisé afin d’étendre la relation avec le thérapeute. Il sera utilisé comme médiateur lors de séances de psychothérapie, la personne entourée d’une atmosphère sécurisante et apaisante aura d’avantage de facilité à s’ouvrir au dialogue avec son thérapeute. La triangulation de la relation est une notion très importante en médiation animale puisque le travail n’est jamais réalisé seul ou à deux. Il existe toujours un lien étroit entre la personne accompagnée, l’animal, et la personne accompagnante afin d’ancrer les bénéfices de la médiation dans la réalité, l’accompagnement et le quotidien de la personne.
Concernant la place de l’animal auprès des enfants notamment, Triebenbacher a publié en 1998 une étude visant à associer le lien enfant/animal à celui de l’objet transitionnel. Winnicott a développé l’idée d’objet transitionnel en 1953, traitant alors d’un objet non humain permettant à l’enfant de retrouver une dimension affective liée à l’attachement parental et notamment maternel (tétine, doudou etc.). Triebenbacher va plus loin, en considérant les notions primaires de l’attachement (toucher, interaction) et en les comparant au lien de l’enfant à l’animal. Il a donc étayé sa théorie en réalisant son étude auprès d’enfants ayant un animal au sein de leur foyer, et auprès d’enfants n’en ayant pas. 98% des enfants ayant un animal de compagnie ont alors considéré ce dernier comme membre à part entière de leur famille, tandis que la majorité des enfants ne possédant pas d’animal de compagnie étaient désireux d’en adopter un. Il est alors tout à fait possible de considérer l’attachement entre l’enfant et l’animal et de le lier à la séparation mère/enfant, ouvrant ainsi la possibilité de la création d’un lien animal/enfant permettant à ce dernier d’avancer sur la problématique du lien parental, notamment dans le cas d’enfants ayant souffert de difficultés de lien familiaux.
Enfin, concernant les personnes en situation de handicap moteur, l’approche de l’animal via l’équithérapie a montré des bénéfices non négligeables. Chez les personnes porteuses d’un handicap moteur, la thérapie par le cheval se montre tout à fait adaptée. « Au niveau physique et sensoriel, monter à cheval permet de développer le tonus, mobilise les articulations du rachis et du bassin, facilite l’équilibre, améliore la perception du schéma corporel, permet de travailler la coordination ou la dissociation des mouvements, facilite la précision du geste, permet l’association des membres supérieurs et inférieurs, et d’effectuer un travail de synchronisation. » Au niveau psychique et relationnel, le cheval stimule la concentration, développe la maitrise de soi, la vigilance et l’attention.
En règle générale, bien qu’aucune véritable preuve scientifique ne vienne confirmer les faits existants, on constate que le lien à l’animal permet aux publics, quelles que soient leurs difficultés, de les aborder sous une approche différente, stimulante et apaisante à la fois.
III. Situations Je vais désormais aborder trois situations rencontrées au cours de mon parcours professionnel durant lesquelles j’ai pu utiliser l’animal comme support afin de venir appuyer mon travail éducatif, en lien avec différentes problématiques du public. Je décrirais ces situations depuis la plus anciennes jusqu’à la plus récente.
A) L’histoire de Lucienne Tout d’abord, je vais exposer l’histoire de Lucienne et de sa rencontre avec un lapin de compagnie. Cet expérience a eu lieu avant mon entrée en formation et a renforcé mes questionnements sur la médiation par l’animal. Elle m’a permis de pouvoir mettre en place pour la première fois un temps lié à cette médiation et ainsi d’étayer ma réflexion et mes constats à ce propos.
Lucienne est une dame âgée de 94 ans que je connais bien. Elle vit en maison de retraite depuis son Accident Vasculaire Cérébral il y a 10 ans qui l’a privée de la parole, de l’écriture et de nombreuses autres facultés. Au fur et à mesure du temps, Lucienne a perdu en autonomie. Elle qui aimait sortir et qui a toujours vécu à la ferme est désormais contrainte de passer ses journées dans son lit, le quotidien se fait désormais long pour elle. Au fil des années passées en maison de retraite, elle s’est enfermée dans ce mode de vie et refuse depuis plus d’un an de sortir à l’extérieur. Elle apprécie beaucoup que des personnes lui rendent visite mais n’est plus capable de construire un échange. La seule chose qu’elle arrive à exprimer aux autres est son désir de manger, tant et si bien que les seuls échanges avec ses proches se concrétisent autour de l’alimentation (ils lui apportent des gâteaux, des pâtisseries…). Lorsqu’elle reçoit de la visite elle ne peut dissimuler sa joie, mais son incapacité à la verbaliser la frustre beaucoup et la limite dans ses échanges. Il est très souvent compliqué de comprendre ce qu’elle souhaite exprimer et voir l’incompréhension des autres la perturbe. Dans ce moments elle se montre agitée, ses mains tremblent, elle répète sans cesse le même son « Teu teu teu teu », le seul qu’elle puisse produire et qui peut lui permettre de créer un contact avec les autres.
Un après-midi, désireuse de changer sa routine et de créer un échange qui ne soit pas centré sur l’alimentation, je suis venue la voir avec un lapin de compagnie. C’est un lapin qui a les poils très doux et qui est de nature très curieuse. À mon arrivée, elle m’a regardé avec de grands yeux et m’a montré le sac que je tenais à la main, se demandant ce qu’il pouvait contenir.
« Bonjour Lucienne ! Comment vas-tu ? Aujourd’hui, je ne t’apporte pas de gâteaux, mais j’ai une petite surprise pour toi ! »
Comme toujours, elle a commencé à s’agiter, ses bras se sont mis à bouger, trembler, et elle a commencé à bégayer « teu teu teu teu ».
J’ai ouvert le sac et je lui ai montré ce qui se cachait à l’intérieur. Je l’ai regardé avec un grand sourire, sachant qu’elle adorait les farces et qu’elle allait se demander si tout cela était bien vrai. Ça n’a pas raté, elle a ouvert de grands yeux étonnés et a continué de plus belle à agiter ses bras, me questionnant du regard.
J’ai déposé l’animal sur son lit tout doucement. Incrédule, elle m’a regardé avec de grands yeux, toujours tremblante. J’ai ri, et lui ai présenté l’animal « Il s’appelle Jun, il est très gentil. Il est venu te voir aujourd’hui ! ». Elle a observé l’animal et a apporté sa main à sa bouche, un signe qui signifie pour elle la nourriture. « Non Lucienne, il n’est pas là pour être mangé. Il est là pour te faire des câlins ! » Dis-je en riant. Elle a continué à reproduire plusieurs fois le geste de la nourriture, comme déstabilisée, étant habituée à baser toutes ses interactions sur l’alimentation. De plus, vivant auparavant dans une ferme, il lui semblait naturel de déguster un bon lapin pour le dîner ! Je lui ai donc expliqué que c’était un lapin de compagnie, comme un chat ou un chien, qu’il vivait dans une maison, dormait sur le canapé, et n’était pas fait pour être mangé. Elle a levé les yeux au ciel avec un petit sourire malicieux « Eh oui Lucienne, les gens ont des lapins dans leurs maisons ! Je te l’accorde, c’est un peu curieux, mais les enfants adorent jouer avec, et il n’est pas question qu’il termine en civet. »
Puis elle a continué à observer les moindres faits et gestes du lapin, l’air interrogatif, et au fil des minutes ses mains et son visage se sont détendus. Elle a cessé de parler et avait posé ses mains sur le lit. Je ne l’avais pas vu depuis des mois voire des années poser ses bras le long de son corps, elle qui les agite sans cesse pour appuyer son échange et s’exprimer. Lorsque le lapin est montée sur son ventre, elle a levé la main d’un geste doux et assuré et a caressé l’animal. Elle m’a regardée, les yeux illuminés et n’a pas eu besoin de m’en dire plus. Elle savait qu’à cet instant, je comprenais ce qu’elle voulait me dire et que je voyais combien elle se sentait bien auprès de cette petite bête. Je lui ai donc demandé « Tu as vu comme il est doux ? Tu vois, ce n’est pas si idiot d’avoir un lapin de compagnie. C’est tout de même très agréable de passer du temps avec ! ». Elle m’a répondu par un large sourire, elle n’a eu besoin de rien de plus pour appuyer mon propos et est ensuite restée à observer et caresser l’animal, rigolant à ses moindres bêtises. Nous sommes restées plus d’une heure ensemble et cette rencontre ne ressemblait en rien à toutes les autres, elle était calme et détendue et nous avons pu partager un très bon moment ce jour-là.
Cette expérience m’a permis de mettre en pratique ce que j’avais pu constater en tant qu’observatrice tout au long de mon parcours au sujet de la médiation animale. Il s’agissait principalement d’un « test » et j’ai été surprise d’observer les réactions de Lucienne, notamment sur la question de son agitation liée à ses difficultés d’expression. Force est de constater que ce rapport particulier entre elle et l’animal fut vecteur de lien social, producteur de plaisir et de joie.
Emilie Barutello, psychologue praticienne en médiation animale au sein d’un EHPAD , a beaucoup travaillé sur la question de l’introduction d’animaux auprès des personnes âgées en institution. Elle a pu faire de nombreux constats quant aux bénéfices apportés, ces derniers allant dans le sens qu’a pu prendre cette rencontre pour Lucienne. Parmi les observations qu’elle a faites, on retrouve notamment l’idée de permettre aux personnes accueillies de retrouver le plaisir de la compagnie d’un animal, de partager des moments de plaisir simple, de permettre aux résidants une communication (verbale ou non) par la médiation de l’animal. Cet outil permet d’utiliser l’animal comme moteur de la relation soignant-soigné dans le but de réhumaniser leur rapport (souvent plus lié aux soins à accomplir). Il permet de favoriser les liens entre résidants et visiteurs lors de leur venue, d’apporter un moyen/un outil supplémentaire afin d’entrer en relation via la médiation animale, mais aussi de rétablir une relation d’humain à humain vis-à-vis des soignants. Le lien a l’animal a pour bénéfice de créer ou renforcer un sentiment d’ambiance/de climat plus intime, chaleureuse voire familiale par la simple vue de l’animal.
Les réactions de Lucienne face au lapin confirment la création d’un climat d’apaisement grâce à l’animal, qui par son non-jugement et son mode de communication tout particulier a réussi à l’apaiser et à lui faire oublier ses difficultés en lien avec la parole. Cette expérience lui a donc permis de communiquer avec moi d’une façon différente mais sereinement, n’étant pas obligée de communiquer verbalement mais procédant par de simples regards, qui traduisaient ses ressentis et émotions.
B) Nora et son poney Lors de mon second stage j’ai rencontré la jeune Nora âgée de 6 ans. Elle venait d’arriver sur ce groupe après un an passé en famille d’accueil suite à la décision de son placement.
Nora est une enfant qui a évolué jusqu’à ses 5 ans dans un environnement familial dépourvu de cadre. Elle vivait seule avec sa mère qui était très absente et a reçu peu de marques d’affection. C’est une enfant qui n’a jamais été valorisée et qui manque de confiance en elle, elle est ainsi incapable de verbaliser ses désirs et ses émotions et les exprime donc exclusivement par des cris, des gestes et propos violents. Elle est sujette à une agitation très importante qu’il lui est très difficile de réguler. Lorsqu’elle doit rester assise notamment, elle développe des tics dans ses expressions faciales, des mouvements incontrôlés des bras et du corps. Elle est incapable de se concentrer totalement sur une tâche et son temps de concentration ne dépasse pas quelques minutes.
Dès mon arrivée j’ai été interpellée par la situation de cette enfant. Mon statut de stagiaire me permettant de bénéficier davantage de temps pour établir un travail en individuel, je me suis beaucoup investie auprès d’elle. Au fil des mois, nous avons travaillé toutes les deux sur sa place au sein du groupe qu’elle a eu beaucoup de mal à trouver. En effet, en raison de son importante agitation les enfants avaient tendance à l’isoler. Nous avons commencé par ponctuer les journées d’activités encadrées à plusieurs, telles que : jeux de société, histoire à plusieurs voies etc., afin de la valoriser au sein du groupe et d’apaiser les tensions existantes entre les enfants. Nous avons aussi travaillé plus en profondeur sur son comportement inapproprié (cris, gestes brusques, opposition, insolence) et après plusieurs semaines nous avons pu avoir une discussion toutes les deux, durant laquelle elle a su m’expliquer qu’elle avait besoin que l’on s’occupe d’elle. Nous avons parlé du lien avec sa mère et de son besoin affectif. J’ai pu lui faire entendre que nous étions conscients de ses besoins, mais que son comportement poussait d’avantage l’équipe à la réprimander qu’à la cajoler. Elle a été en mesure d’entendre et de comprendre (ce dont elle n’était pas capable à son arrivée) que nous étions là pour elle. Elle a su entendre que la meilleure façon d’attirer notre attention était de la faire de manière positive, en nous sollicitant positivement plutôt qu’en étant dans une démarche agressive.
Suite à l’accompagnement mené avec elle au quotidien, j’ai commencé à élaborer un projet de séjour éducatif pour elle et le reste du groupe. Connaissant les difficultés propres à chaque enfant, je me suis interrogée sur la façon dont ce séjour pouvait profiter au maximum à chacun d’entre eux. Mon choix s’est alors porté sur un séjour équestre d’une semaine, réunissant les 10 enfants autour d’une activité poney commune. Durant la totalité du séjour, chacun aurait la responsabilité d’un poney. Concernant Nora, j’avais pour objectifs que ce séjour puisse l’aider à apaiser ses angoisses, renforcer le lien qu’elle commençait à créer avec le reste du groupe d’enfants et l’équipe éducative, la valoriser via le soin à l’animal et sa responsabilité auprès de ce dernier, lui permettre d’établir une communication plus sereine avec l’animal (et par extension avec les personnes l’entourant), et lui permettre de réussir à canaliser son agitation et fixer sa concentration avant et pendant les séances d’équitation.
Lors de la première séance, Nora était enchantée par cette activité mais ne parvenait pas à établir de véritable lien avec son poney. En effet, elle appliquait à celui-ci une communication uniquement verbale et très directive (« Avance ! Stop, arrête-toi ! Viens par ici ! »). À la fin de la séance, j’ai pris un moment avec elle afin de l’accompagner dans sa rencontre avec l’animal. Nous avons procédé par des jeux et des expériences afin qu’elle comprenne quel ton adopter. À pieds, je lui ai demandé de faire avancer son poney avec elle. Elle a regardé son poney, a secoué la bride et lui a dit « allez, avance !! ». Le poney n’a pas bougé, je lui ai donc demandé quelle langue parlait son poney. Elle a rigolé et m’a répondu « il parle la langue des poneys ». Je lui ai donc proposé de lui apprendre la langue des poneys. Je lui ai expliqué qu’il communiquait grâce aux gestes, aux attitudes et grâce à une intonation calme. Je lui ai montré comment faire marcher son poney avec elle, comment lui demander d’avancer, de s’arrêter ou de tourner lorsqu’elle était à poney. Nous avons ensuite essayé uniquement avec la voix, puis avec les gestes adaptés. Nora a beaucoup ri durant ce petit jeu, car elle a constaté que le poney ne parlait pas sa langue et qu’elle devait agir différemment pour être comprise. Nous avons fait le lien avec le comportement qu’elle adopte, lorsqu’elle fait une bêtise alors qu’elle a besoin d’un câlin. Je lui ai dit que dans sa langue à elle, peut-être que la bêtise voulait demander un câlin mais que les éducateurs ne parlaient pas la « langue des bêtises » et qu’elle devait demander d’une autre façon. Quelques heures après, elle est venue me voir avec un grand sourire et m’a demandé un câlin.
Au fil de la semaine, Nora a opéré un changement spectaculaire dans son comportement. Elle ne criait plus sur son poney, à chaque séance elle parvenait à rester concentrée plus longtemps qu’à la précédente. Elle m’a beaucoup sollicité pour que je lui vienne en aide, pour que je lui montre des choses ou pour passer un moment à deux. Dans le groupe, les relations se sont trouvées bien plus sereines qu’auparavant avec Nora. Elle était capable de s’inclure aux jeux des autres sans qu’il n’y ai de débordement (bagarres, injures…). Au terme de la semaine, Nora qui au début était sur ses gardes allait très naturellement vers tous les animaux présents (chiens, chats, poules, chèvres et chevaux), elle faisait des câlins à son poney, demandait à aller le voir en dehors des séances, et ne criait ni n’était brusque auprès des chevaux. Le dernier jour, nous avions prévu une longue séance de plus de 2h. Alors que plusieurs enfants ont choisi d’arrêter au bout d’une heure, Nora est restée durant l’intégralité de la séance et a été en mesure de rester concentrée du début à la fin.
Depuis sur le groupe, les relations entre les autres enfants et Nora sont plus apaisées. Elle a plus de facilités à solliciter les adultes et à exprimer ses désirs et ses sentiments.
J’ai mis en place cette activité dont j’avais fixé les objectifs. J’étais conscience que les difficultés de Nora étaient conséquentes et que je risquais donc de ne pas tous pouvoir les concrétiser. Contre toute attente, l’équipe et moi avons été très surpris. Nora semblait transformée durant cette semaine, elle était méconnaissable en comparaison à la petite fille que nous connaissons au quotidien. Grâce au contact avec le poney, elle a été en mesure de canaliser son énergie, de s’ouvrir et d’être à l’écoute de l’autre, ce qui a pu libérer sa parole auprès de l’équipe. Elle a su créer un lien apaisé avec l’animal et cela s’est ressenti dans ses interactions avec le groupe d’enfants. Cette petite fille qui a du mal à accorder sa confiance est parvenue à nous solliciter pour nous demander de l’aide, nous confier des choses ou exprimer ses désirs. Le lien qu’elle a créé avec son poney nous a surpris car elle s’est beaucoup attachée à lui (a passé beaucoup de temps avec tous les jours, lui a fait des câlins etc). Le bénéfice a donc été mesurable pour elle. En effet ce contact a permis d’agir sur des points différents, l’aidant à surmonter ses difficultés de lien et de concentration.
C) L’animal comme soutien psychomoteur Cette expérience a eu lieu simultanément à celle de la petite Nora. Lors de mon premier jour de stage, l’équipe m’a présenté Daniel, un jeune homme de 11ans vivant sur le groupe avec son frère jumeau et sa petite sœur. Ma tutrice de stage m’a expliquée l’histoire de ce garçon et de ses frères et sœurs ayant passé leur enfance seuls avec leur mère, enfermés dans une chambre d’hôtel. Les trois enfants ont développé des retards moteurs et rencontrent des soucis médicaux liés à l’absence totale de soins durant leur enfance. Daniel souffre d’importants soucis de vue. Il présente un strabisme très prononcé et irréversible et l’un de ses yeux n’est plus capable de voir. Ce garçon présente également un léger retard mental et moteur, il n’est pas capable d’assimiler des informations consécutives, d’exprimer un choix ou un avis. Il semble totalement en dehors des réalités. Par exemple, il lui arrive de partir à l’école sans être complètement habillé, ou même de marcher sans inquiétude dans une fontaine sans avoir l’idée de retirer ses chaussures ou remonter son pantalon. La perception qu’il a de son corps est très approximative. Daniel a du mal à se situer dans l’espace, il lui arrive de foncer sur les gens sans s’en rendre compte, de se trouver beaucoup trop grand (il est de taille normale), de choisir des vêtements loin d’être à sa taille etc. Sa coordination motrice est très perturbée. Il lui arrive très souvent de chuter, de se cogner dans les murs, il n’est pas capable de lancer un ballon. Néanmoins, il a souhaité être inscrit dans une activité ping-pong cette année, et nous avons tous été surpris de constater qu’il arrivait à jouer correctement alors même qu’il s’agit d’un sport de précision et de coordination. Nous avons aussi pu remarquer que lors d’activités sportives il se montrait bien plus adroit qu’au quotidien. Ainsi nous avons donc essayé de valoriser pour lui les activités en lien avec le sport dans lesquelles il se sent bien.
L’activité équitation me semblait donc être une bonne idée pour stimuler son attention, sa réactivité, son équilibre, la perception de son corps et sa coordination. Comme pour Nora, je m’attendais à ce que l’impact de cette activité ne soit pas assez important pour lui permettre d’évoluer sur ses difficultés et je m’attendais à très vite le voir totalement passif sur le cheval, ou tomber plusieurs fois par séance.
La semaine a débuté sur ce ton. Lorsque chaque enfant allait chercher son poney, Daniel, lui, restait debout au milieu du centre équestre. Il ne semblait pas perturbé de voir chaque enfant revenir son poney à la main, alors que lui n’avait pas bougé. Il a donc fallu que je l’accompagne chercher son cheval. Je lui ai proposé de bien observer l’animal afin qu’il puisse le reconnaitre parmi ses congénères. Son cheval avait une marque très facilement identifiable sur la tête, ce qui facilitait ce petit jeu. Lors de la séance, j’ai retrouvé Daniel comme à son habitude, nonchalant et totalement passif. Néanmoins, j’ai été étonnée de voir qu’il n’avait pas chuté de toute la séance. Lorsque je lui ai dit qu’il pouvait être fier de lui, il a arboré un grand sourire. Le lendemain, j’ai fait le choix de rester durant une partie de la séance à côté de lui. A chaque intervention de la monitrice, je lui demandais s’il avait entendu et compris. Au début, il n’écoutait pas, mais à force de sollicitations il s’est concentré sur la séance et a écouté les conseils de la monitrice. Je me suis un peu écartée et l’ai observée faire : lorsqu’il fallait arrêter le cheval, il y est parvenu sans qu’il y ai besoin de lui répéter les choses. J’ai renforcé toutes ses réussites en le félicitant, il semblait très fier de lui à chaque fois.
Le lendemain, je lui ai demandé s’il allait savoir reconnaitre son poney, très assuré il m’a donc montré l’animal qu’il pensait être le sien. Il n’en avait ni la couleur, ni la race. Daniel m’expliqua alors qu’il avait le même regard, et qu’il était sûr que c’était lui. Nous avons rigolé et je lui ai demandé « donc demain si tu vois un garçon à la peau blanche avec des cheveux blonds, qui a le regard de ton frère, tu penseras que c’est lui ? » (ils ont la peau noire). Daniel a rigolé en me disant « beeeen non voyons ! ». Nous avons donc fait de nouveau un petit jeu en allant voir plusieurs chevaux et je lui ai demandé de me dire quels signes ils avaient qui permettaient de les distinguer sans faute. Une fois qu’il avait compris le principe, il fut en mesure pour le reste du séjour de reconnaitre son poney.
Ce jour-là nous sommes partis à cheval en balade dans la forêt. Le poney de Daniel s’arrêtant régulièrement pour brouter l’herbe, je lui ai alors expliqué comment procéder : tirer les rênes vers le haut, donner des coups de jambes et regarder droit devant lui. J’étais alors consciente que cet enchainement d’actions était assez difficilement réalisable pour Daniel. Comme toujours afin qu’il assimile les choses, je lui ai demandé à chaque fois que son poney s’arrêtait ce qu’il devait faire. J’ai procédé ainsi jusqu’à ce qu’il soit capable de me lister ces trois actions, ce qui était pour lui une très grande étape.
Au terme de la semaine, Daniel n’était pas tombé une seule fois. Il arrivait à reconnaitre son poney et surtout, à coordonner ses mouvements. Au-delà de mémoriser les actions à faire, il arrivait à les mettre en place et à faire repartir son poney lorsque celui-ci s’arrêtait. Il a réussi à comprendre comment avancer, s’arrêter et tourner et à le mettre en place, aussi il a mémorisé les positions à adopter dans les descentes et montées lors des balades (pencher le corps en avant et en arrière) et a su le faire sans que personne n’ai à le lui rappeler.
Une nouvelle fois, j’ai été favorablement surprise par le bénéfice qu’a pu avoir cette activité auprès de Daniel. Depuis son arrivée au foyer, il est suivi à l’extérieur par une psychomotricienne. Malgré cet accompagnement, ses difficultés restent omniprésentes au quotidien. Ainsi personne ne s’attendait à constater l’attitude qu’il a pu avoir à cheval. Il n’est pas resté passif comme nous nous y attendions mais a pris les choses en main afin de diriger par lui-même son poney, il a su coordonner ses mouvements et travailler son équilibre, aussi et surtout il a su garder en tête les automatismes à avoir et les appliquer dès que c’était nécessaire.
J’ai donc pu mettre en pratique ce que j’avais eu l’occasion d’observer auprès de personnes en situation de handicap, et le succès de cette médiation a permis à Daniel de développer et valoriser ses capacités. Étant souvent confronté à l’échec, il est essentiel pour lui de pouvoir valoriser ses réussites. Ainsi je l’ai félicité à chaque fois et son sourire m’a montré combien il était fier de lui. Je lui ai d’ailleurs dit à plusieurs reprises qu’il avait de quoi l’être, et encore aujourd’hui il me parle de ce séjour et des séances de poney. Il reste bien entendu un énorme travail à continuer sur le plan psychomoteur, mais cette activité nous a permis de constater, contre toute attente, qu’il était capable de bien plus de choses que nous le pensions.
Conclusion Tout au long de ce dossier, j’ai tenté de comprendre comment il était possible de développer un travail éducatif en utilisant l’animal comme outil.
Mes recherches m’ont permis d’appréhender les différentes médiations et thérapies en lien avec l’animal. Elles ont confirmé mes observations faites par le passé à propos de situations que j’ai pu rencontrer. Ainsi, j’ai compris que le simple contact avec l’animal n’était pas anodin et hasardeux et qu’il était nécessaire de l’ancrer dans un cheminement éducatif réfléchi. En ce sens il est capital de cibler les attentes et les objectifs, ainsi qu’adapter l’activité et l’animal en fonction de ces derniers. En effet, le contact avec l’animal n’est pas une médiation en soi. Comme tout travail éducatif, il nécessite une réflexion permettant d’identifier les difficultés rencontrées par la personne et les objectifs qui souhaitent être développés pour ensuite sélectionner l’animal et le contexte le plus propice à de bons résultats. Par exemple, il n’aurait pas été judicieux de mettre en place une équithérapie dans le cas de Lucienne puisque cette activité ne correspond pas à ses besoins. Lucienne a une résistance physique très faible et la sortie de la maison de retraite représente pour elle un angoisse importante. L’idée était de lui permettre de s’exprimer et de trouver un apaisement dans un cadre sécurisant, ce que n’aurait pas permis l’équithérapie.
Afin de développer un travail éducatif en utilisant l’animal comme outil, il est donc capital de procéder en 3 étapes distinctes qui sont :
- identifier les difficultés de la personne accompagnée
- fixer les perspectives d’évolution/les objectifs de l’activité
- sélectionner l’animal, le contexte et l’activité pouvant répondre aux besoins spécifiques de la personne.
Au départ, je pensais qu’il était relativement possible de procéder « au hasard » et que le simple contact avec l’animal pouvait mettre en avant de nombreux bénéfices. Je comprends désormais qu’il est nécessaire d’appliquer les 3 points précédemment cités mais aussi de mettre en place ce projet avec les différents professionnels en lien avec la personne. Leurs avis et perspectives sont à prendre en compte afin d’élaborer une activité qui fasse sens en tout point pour la personne.
Bibliographie
BADOUD François – Interview - Borel, 2008, p20 - Novembre 2006
BECK Alan M., KATCHER Aaron – « Between Pets and People: The Importance of Animal Companionship » - Purdue University Press - 1996.
BÉLAIR Sandy – « Interview d’Emilie Barutello, psychologue et praticienne en méditation animal, sur l’intégration d’un chien d’accompagnement social Handi’chiens en EHPAD » - Blog de la médiation animale et des interactions hommes-animales - 2016. (
http://www.mediation-animale.org) consulté le 3/03/2017
BOREL Stéphanie – « La zoothérapie ou comment le contact ordinaire avec l’animal est devenu une aide psychologique » - Bulletin de la Société des Enseignants Neuchâtelois de Sciences, n°35 - 2008.
LEVINSON MAYER Boris – « Pet oriented child psychotherapy » - Thomas - 1969.
PEIGNIER Sophie – « Soins médiatisés par le cheval » - Équilinéa. (
http://www.equilinea.fr/equitherapie) consulté le 01/03/2017.
TRIEBENBACHER LOOKABAUGHT Sandra – « Pets as transitional objects : Their Role in Children’s Emotional Development » - Psychological Reports, vol. 82.1, pp. 191-200 - 1998.
http://zootherapie.asso.fr/zootherapie- ... n-animale/ consulté le 01/03/2017